Comprendre et optimiser le Mécanisme de Capacité

Vous êtes en relation avec de nombreux industriels consommateurs ou producteurs d’électricité disposant d’actifs à la fois flexibles et réactifs. Comment vos partenaires industriels ont-ils réagi à l’introduction du Mécanisme de Capacité en France ?

Nos partenaires producteurs historiques ont profité de ce mécanisme pour augmenter leurs revenus. Nous les avons accompagnés dans la certification de leurs capacités ainsi que dans l’optimisation et la valorisation de leurs Garanties de Capacités aux enchères Epex ou bien de gré-à-gré.

Nos partenaires consommateurs ont - dans leur grande majorité - perçu ce mécanisme comme une nouvelle charge, mais surtout comme un facteur de complexité dans leurs achats d’électricité. Beaucoup déplorent encore aujourd’hui le manque de visibilité sur la clause « capacité » de leur contrat de fourniture ainsi qu’une certaine opacité sur la formation du prix qui leur est facturé. Nous observons cependant un regain d’intérêt pour les démarches de maîtrise de la consommation et la recherche de capacités d’effacement ; les consommateurs redoublent d’efforts pour limiter l’impact du Mécanisme de Capacité sur leur facture d’électricité.

 

 

Comment un site consommateur peut-il justement limiter l’impact du Mécanisme de Capacité sur sa facture d’électricité ?

La démarche doit s’articuler autour de deux volets.

Le premier volet consiste à négocier avec son fournisseur d’électricité une clause « capacité » lui permettant de gérer son Obligation de Capacité de façon transparente, souple et agile. En effet, nous constatons un faible niveau d’innovation chez les fournisseurs qui ne proposent en général que l’indexation PRM à leurs clients. Ces derniers subissent les enchères sans pouvoir déployer de stratégie propre, au contraire de ce qui leur est permis sur la commodité. En outre, tant que le marché n’est pas à maturité et que la liquidité n’est pas en place, nous conseillons aux consommateurs de diversifier les contreparties afin de faire jouer la concurrence sur cette nouvelle composante du prix de l’énergie. En d’autres termes, il s’agit d’acter que le fournisseur n’a pas l’exclusivité de la fourniture des Garanties de Capacité permettant de couvrir l’Obligation de Capacité du consommateur. Dans le cas où le consommateur en question achète ses Garanties de Capacité à un tiers, il lui suffit ensuite de faire livrer ces Garanties au fournisseur, lequel ne lui facturera donc pas la part d’Obligation de Capacité relative.

Le second volet consiste à mettre en place des actions de réduction de la consommation électrique sur des heures bien précises. Si l’effacement de consommation systématique sur les heures de pointe hivernale dites « PP1 » permet bien de réduire le volume de l’Obligation de Capacité d’un consommateur, il est plus pertinent d’un point de vue économique de mettre cette capacité d’effacement à la disposition du réseau électrique sur les heures de pointe hivernale dites « PP2 ». En effet, ceci permet au consommateur non seulement de couvrir son Obligation, mais surtout d’être rémunéré pour l’énergie effacée. Dans certains cas, cela permet également la participation à des mécanismes de valorisation additionnels tels que les mécanismes de réserve proposés par RTE. Dans ce cas également, il est important que le contrat de fourniture d’électricité prévoie la possibilité qu’un tiers agrégateur de capacité puisse livrer au fournisseur les Garanties de Capacité issues de la certification de la capacité d’effacement des sites industriels, venant donc ainsi réduire le montant facturé au titre du Mécanisme de Capacité.

 

 

Avez-vous connaissance de sites consommateurs qui ont expérimenté la démarche ?

Bien entendu ! Certains industriels n’ayant pas de capacités d’effacement mettent en œuvre cette disposition contractuelle avec leur fournisseur ; nous les incitons d’ailleurs à inclure cette exigence dans les cahiers des charges de leurs consultations. Puis ensuite, ils recherchent des Garanties de Capacité sur le marché auprès des fournisseurs, des agrégateurs de capacités ou bien de brokers. Comme sur la commodité, cela leur permet de mettre en place leur propre stratégie de gestion du risque et de couvrir leurs achats de manière beaucoup plus maîtrisée, sans dépendre d’un signal prix tel que le PRM.

Parfois, le fournisseur peut être réticent à se faire livrer des Garanties de Capacité issues d’une transaction entre son client consommateur et un tiers. Dans ce cas, le consommateur reste libre de se déclarer Consommateur Obligé et de porter lui-même sa propre Obligation de Capacité ; la procédure, encore aujourd’hui perçue comme complexe, est en voie de simplification.

Quant aux industriels disposant de capacités d’effacement, les possibilités de valorisation financières restent multiples. Dans un premier temps, l’industriel a le choix entre vendre ses Garanties de Capacité ou les livrer à son fournisseur. S’il fait le choix de vendre ses Garanties, il devra choisir entre les vendre à une enchère de capacité précise sur Epex, ou sur plusieurs enchères de capacité s’il souhaite reproduire le PRM, ou bien encore à un autre industriel consommateur souhaitant couvrir sa propre Obligation de Capacité. S’il fait le choix de les conserver, il les transfère à son fournisseur ou bien sur son compte d’Acteur Obligé tel que décrit précédemment.

 

 

Existe-il une alternative à la démarche permettant de se déclarer Consommateur Obligé ?

Une alternative consistant à mandater un tiers qui ne soit pas le fournisseur dans le portage et la gestion de l’Obligation de Capacité d’un consommateur est en cours de discussion. Cette mesure de simplification devrait voir le jour lors de la prochaine révision des Règles relatives au Mécanisme de Capacité. Ce serait une belle avancée pour les industriels car elle permettrait de déléguer la gestion de son Obligation de Capacité à un acteur tiers et de mettre en place une stratégie d’approvisionnement en Garanties de Capacité structurée et indépendante de son fournisseur.